Projet modification: RED ReaPeR Kawasaki Meanstreak 1500

février 5, 2017 0 Par admin
Par: Patrick Roch
Chroniqueur technique
Quadiste.net / Motocycliste.net
Credit photo: Patrick Roch / Magazine Custom Tour

On peut affirmer hors de tout doute que parmi tous les domaines d’activités motorisés, celui de la moto se démarque par son niveau élevé de personnalisation. Les manufacturiers de véhicules et les réseaux de distribution inondent le marché de pièces de performances et surtout d’améliorations esthétiques. Le choix est tellement immense qu’il est facilement possible d’effectuer des ajouts qui feront que notre monture sera unique et vous aurez la joie, la fierté et la gratification qui s’en suit de la montrer aux mondes entiers.

Il y a plusieurs niveaux de personnalisations selon vos habiletés. Il y a une multitude de pièces que l’on appelle «bolt-on parts »  qui peuvent être ajoutées à votre moto avec un minimum de connaissances et d’outils. Il y en a aussi pour les plus téméraires qui ont plus d’expériences et qui veulent modifier leurs engins à un autre niveau. Et finalement, il y a également le niveau que je pourrais qualifier d’extrême. À ce stade, la plupart des gens font confiance à leur concessionnaire ou à des ateliers reconnus pour effectuer les travaux. À ce niveau, les motos reçoivent des modifications radicales allant au changement du «swingarm» pour y recevoir un pneu plus large, un changement de réservoir, des tables de fourche «raké», une peinture complète ou même une peinture personnalisée par aérographie. Notre province est une terre fertile pour ces artisans et il s’agit de faire une visite des nombreux salons pour les découvrir ou bien de s’informer à la communauté motocycliste pour les connaître.

Ce préambule m’amène à vous parler d’une moto donc j’ai eu le privilège d’effectuer une modification complète en 2009. À ce moment-là, je possédais mon petit atelier de modifications. J’avais beaucoup d’aspiration et j’avais les Jesse James, Indian Larry et Billie Lane pour ne nommer que ceux-là comme idoles pour me pousser à réussir dans ce domaine.

Donc un beau jour, j’ai reçu la visite d’un client qui m’emmena sa Kawasaki Meanstreak 1500 cc 2002 pour y ajouter un ensemble de conversion pour pouvoir y installer un pneu de 250 mm. Jusque-là, c’était tout un défi, car les pièces extrêmes pour les motos japonaises ou communément appelées métriques ne sont pas légion. Ce défi m’emballait, car cela me permettait d’aller sur un terrain presque inexploité. Je me sentais comme Neil Armstrong qui marchait pour la première fois sur la lune. Après plusieurs recherches sur internet, j’ai mis la main sur un manufacturier américain qui produisait cet ensemble de conversion. Pour votre information, la difficulté première de cette moto que j’avais entre les mains résidait dans le fait qu’elle était équipée d’un «driving shaft» pour sa propulsion et que pour arriver à mes fins, cette moto devrait être propulsée soit par une chaîne ou une courroie comme la majorité des motos américaines. Donc j’ai contacté la compagnie Thunder Manufacturing qui avait déjà élaboré par le passé un prototype d’un ensemble dont j’avais besoin, mais il hésitait à m’en produire un, car il n’avait jamais réussi à le commercialiser faute d’engouement. Donc, après insistance de ma part, ils ont décidé de me le produire, mais j’ai dû attendre 3 longs mois pour recevoir ce bien si précieux à mes yeux. C’est à partir de ce moment que tout a réellement commencé. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que quand on s’attaque à une contrée vierge, les problèmes font partie du lot quotidien. J’ai dû bien évidemment démonter la moto complètement, passer le châssis au jet de sable. Par la suite, mouler la partie arrière, car dans mes plans, l’aile devait être fixée directement au «swingarm». Par moment, j’ai dû travailler sur la partie avant, car j’étais en attente de certaines pièces pour la partie arrière. On essaie de tout prévoir, mais parfois, les imprévues sont là pour nos rappeler que certaines modifications amènent son lot d’improvisation.

Par la suite, tout s’est enchaîné à merveille allant à l’installation d’amortisseur d’Harley Sporster, un ensemble de reposes pieds Harley Softail, une fourche complète «raké» de 5 degrés dont j’ai dû faire usiner des «bushings» pour s’adapter au «neck» de cette moto métrique. Certaines pièces inusitées dont le phare avant et le filtre à air ont couté la peau des fesses, mais étaient une exigence du client. Vous savez, le client a toujours raison! J’ai moulé un contour pour le radiateur en fibre de verre, eh oui, comme la plupart des motos japonaises, celle-ci est refroidie au liquide non pas comme les «free-air» américaines dont j’apprécie pour cet aspect esthétique. Pour ce qui concerne les clignotants, j’ai opté pour des «grips» avec des embouts clignotants et pour l’arrière, cela a été tout un défi, mais je considère avoir réussi en installant des «side-markers» de BMW dont j’ai incorporé des DEL rouges.

J’ai investi environ 200 heures pour achever cette moto. Laissez-moi vous dire que c’est avec une fierté et la larme à l’œil que j’ai livré cet engin à son propriétaire. La gratification d’avoir complété ce chef-d’œuvre vaut beaucoup plus que le salaire qu’elle m’a rapporté. Son look unique lui a même valu de paraître dans un calendrier et une revue spécialisée.

Quelques mois après avoir complété cette réalisation, j’ai fermé mon atelier, mais j’en garde un souvenir impérissable dans ma mémoire et c’est avec une immense fierté que je vous ai présenté …… RED REAPER.