ESSAI : Kawasaki ZH2 2020
septembre 14, 2020Lorsque c’est trop, c’est encore plus de fun !
Ce matin, lors de ma visite semi-hebdomadaire au siège social du groupe Motoplex (www.motoplex.ca), j’ai rencontré mon pote de moto Pascal Royer dans la salle de montre. Il était tout pensif devant cette moto sportive toute de noir vêtue.
M-A : Pascal, qu’est-ce que tu fais là dans la lune comme ça ?
PR : C’est la nouvelle ZH2 de Kawa! Complètement fou comme machine! Faut que t’essaies ça Marc. 200 chevaux, une montagne de couple et un « supercharger » !
M-A : Ah ben ? C’est donc bien que j’arrive comme ça pour trouver quelque chose de cool à essayer! Tout de suite ça te va ?
PR : Bien sûr, v’là les clés. Attention, ça tire quelque chose de rare.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je vais chercher mes vêtements de protection, mon casque et c’est parti !
La ZH2 c’est une moto assez spéciale, un missile sol-sol quoi. En jetant un coup d’œil aux spécifications de Kawasaki Canada, un amateur de très haute performance moto aurait un filet de bave, croyez-moi sur parole. Tout un moteur ! 4 cylindres, 998 cc avec un compresseur volumétrique (Supercharger) qui vous offre un troupeau de 198 chevaux vapeur et un couple monstre de 101 lb-pi pour un poids de 526lbs ou 239 kg en métrique. DÉMENCE ! … Ouaip !
Voir la vidéo:
Mais, est-ce que la ZH2 est seulement un moteur sur roues ?
Ma première impression sur papier était exactement ça. Boaf, un gros moteur, pas de carénage complet, pas de protection au vent et donc, probablement inconfortable.
Au contraire! Ce Streetfighter (car je refuse d’appeler cette moto un naked bike) est une brute avec un petit côté doux. Le look agressif tout en noir avec le minuscule saute vent qui est là seulement pour protéger le magnifique centre d’information digital a de quoi réveiller la bête en soi. C’est très réussi côté look. Une moto « Badass » par excellence qui est capable de livrer la marchandise d’une simple torsion de votre poignet droit, et ce, peu importe le rapport que vous pourriez avoir choisi.
Dr. Jeckel/Mr. Hyde
Sur la route, là où on peut facilement perdre son permis de conduire en quelques secondes j’avais beaucoup d’appréhensions. J’aurais cru devoir constamment porter attention à ma vitesse les yeux rivés sur le tableau de bord et stresser constamment. Eh ben, euh… non. Quelle bonne surprise, ce monstre de puissance a de bonnes manières sur la route du commun des mortels. La position de conduite plus relevée me paraissait inconfortable sur les photos, mais ça n’en est pas le cas. La position est presque naturelle avec juste assez d’appui sur les poignées pour bien sentir ce qui se passe avec le train avant sans avoir trop de poids sur les poignets, ça regarde déjà bien. La selle aurait pu être pire. Elle est relativement confortable et les pédales sont bien placées là ou on recherche naturellement les pédales. Bravo Kawa !
La géométrie de cette moto est un peu passive agressive, un peu neutre et ça, j’aime beaucoup. Aidée par des excellents pneumatiques Diablo Rosso III de Pirelli, la ZH2 est un vrai plaisir à piloter tout en respectant les limites de vitesse. La campagne et les routes secondaires sont là ou la ZH2 aime virer. La suspension ajustable Showa est parfaitement calibrée pour ce genre de routes. Surprise, elle est même confortable sur l’autoroute, du moins à la vitesse légale. J’usqu’à 120 kmh, c’est superbe. Je remercie Kawasaki d’avoir ajouté un régulateur de vitesse électronique d’usine. Sans ce gadget, mon permis de conduire aurait certainement volé en éclats.
Un point des plus importants est le système de freinage. Des énormes disques doubles à l’avant équipés d’étriers monoblocs radiaux de Brembo et d’un double piston Nissin à l’arrière. Il offre un excellent freinage sur la ZH2. Fait important à noter, ils sont superbement faciles à moduler et surtout n’ont pas le mordant initial un peu excessif des motos de type superbike. Très bien de ce côté aussi.
Le tableau de bord multifonction ressemble plus à une mini tablette qu’un infocentre classique. Tout y est et configurable sur mesure. Tangage, angle de la moto, puissance de freinage au levier, accélération, bref comme on voit à la télé dans le MotoGP. C’est beau en s’il vous plaît! La seule chose qui m’agace, même si je suis très techno, sont les sous-menus qui sont un peu trop complexes. Je n’aime pas « pitonner » pendant 30 secondes pour trouver et ajuster quelque chose à mon gout.
La ZH2 A-DO-RE les courbes ! Elle récompense la finesse de son pilote par une tenue de cap exemplaire pour une moto de ce genre. Ne vous fiez pas à son look agressif, c’est un gentil petit mouton en dessous d’un habillage « full malade » (– le petit voisin) tant que l’on ne tord pas la poignée. Facile à rouler cette Kawa.
Mais, méfiez-vous, car, votre main droite pourrait créer une transformation radicale en un clin d’œil. M. Hyde vous attend avec un sourire en coin. À partir de 8000 tours, c’est comme passer en hyper espace dans Star Wars ! Attache ta tuque mon Léon on part! OUF ! « Punch it Chewy! »
Mais qu’est-ce qu’elle a dans le ventre la ZH2?
Pour ça, il fallait l’apporter sur une piste de drag. Nous l’avons testée sur le ¼ de mille au circuit ICar de Mirabel. Résultat? Vous voulez vraiment savoir? Eh ben, j’ai été littéralement bluffé. Jadis, j’étais un pilote de drag en motocyclette, un mordu, un quasi fanatique du quart de mille. J’étais heureux de me retrouver sur la ligne de départ. L’adrénaline a fond de caisse, le cœur qui débat, stage1, stage2, jaune, jaune, VERT ! GOOOOOOOOO !
Quelle bête! OH MY GOD ! Bon OK, relaxe Marc. Mon premier départ a été toute une expérience ! Dès que j’ai mis les gaz à fond les bras m’ont étiré et la roue avant a décollé du sol avec ferveur. OUF! J’ai lâché les gaz ne sachant pas comment le système anti wheelie allait réagir. La moto ne m’appartenant pas, j’ai préféré errer du côté de la sécurité et recommencer.
Un peu d’apprentissages, la ZH2 est équipée d’un « Quickshifter ». Avec ce merveilleux gadget installé sur le levier de changement de rapports, le pilote peut passer les vitesses sans toucher au levier d’embrayage ni lâcher les gaz. Tout à fait génial! Wheelie control, ABS, Antipatinage et tout le tra-la-la électronique d’assistance au pilotage activé on retourne sur la piste.
Après quelques essais, j’ai réussi mon meilleur temps de 10,88 secondes à 141 mph sur une piste froide et les pneus d’origine non réchauffés (moto neuve oblige). La ZH2 peut facilement rouler dans le bas des 10 secondes bien préparée avec un pilote en pleine forme.
Les Plus et les moins
LES PLUS
- Moteur bien étagé ultra puissant !
- Boite de vitesse douce et précise
- Suspension bien calibrée pour la route
- Partie cycle irréprochable
- Confort du pilote
- Tableau de bord ultra moderne superbe
- Pneus Pirelli bien adaptés
- Speedshifter !!!
- Moteur bipolaire (7500 rpm et plus)
- Plaques régulières à la SAAQ !
- Le son de la valve de dépressurisation (wastegate) du Supercharger lorsqu’on relâche les gaz a moyen et haut régime
LES MOINS
- Attention aux points d’inaptitudes !
- Les reprises moteur à très bas régime sur la route (coups)
- Place arrière symbolique
- Menus du tableau de bord un peu complexes et certaines fonctions accessibles seulement via téléphone intelligent
- Le prix (20 K$)
Conclusion
Après quelques centaines de kilomètres avec la ZH2, je suis toujours en amour avec cette bécane. OUF ! Quel monstre !
Une moto comme la ZH2, on ne voit pas ça tous les jours. Un moteur aussi doux que rageur avec une partie cycle gérable autant sur la route que sur la piste. Lorsqu’on veut avoir « la » moto de type « Alpha » qui vous dresse les poils de la nuque à tout coup lorsqu’on tord la poignée, la ZH2 devrait figurer sur votre liste d’envies. Ce que j’apprécie le plus mis à part son incroyable performance c’est qu’elle se transforme en moto de tous les jours, facile à piloter et tout aussi facile de pouvoir respecter les limites de vitesse sans se battre avec soi-même pour limiter ses ardeurs. Vive le « cruise control »
Le moteur, la boite de vitesse, l’embrayage et surtout sa partie cycle composée en édredon en font une moto d’exception dans ce domaine. Mis à part une légère hésitation en reprise à très bas régime entre 50-75 kmh en 5 ou 6ième, c’est un score presque parfait pour moi.
Le seul bémol est son prix suggéré de 19 699 $ AIE !
DÉBUTANTS S’ABSTENIR! Ouais, je sais, c’est comme prêcher l’abstinence dans un bar, mais, ce genre de moto aussi sublime mérite une retenue et surtout le respect de son pilote. Sa puissance linéaire, sa partie cycle sans reproche combinée avec sa douceur mécanique et les assistances électroniques pourrait facilement vous laisser penser que vous avez le talent de Valentino Rossi. Faites gaffe !